Gare aux vagues
Sur les bords de l'Atlantique, ce soir à 20h00 à Bayonne, le Racing Club de Strasbiourg jouera plus qu'un match important pour son avenir en National. Car celui de son entraîneur Laurent Fournier, viré samedi, puis maintenu à son poste la nuit suivante, est étroitement lié aux prochains résultats.
« Strasbourg est à l’ouest », titrait le quotidien sportif national « L’Équipe » dans son édition de lundi après les soubresauts du week-end et le remplacement, puis le maintien de l’entraîneur du Racing Laurent Fournier par le président Jafar Hilali. La formule était à la fois ironique et prémonitoire, puisqu’après l’avoir été au sens figuré durant 72 heures, Strasbourg va l’être au sens propre ces quatre prochains jours. Parti hier midi en TGV pour une arrivée peu avant 21 heures, le RCS séjournera jusqu’à demain matin à Bayonne, avant de rallier Niort où les Chamois l’attendront de pied ferme samedi (18 h). Mais après la tragi-comédie du week-end orchestrée par le soliste Jafar Hilali, ce déplacement à Niort est un horizon bien lointain. Surtout pour un Laurent Fournier avec qui, à l’évidence, la confiance s’est rompue.
Depuis son maintien, le coach s’efforce de donner le change. Mais hier encore, il répétait ce qu’il déclarait déjà dans nos colonnes le matin même, tenaillé par un sentiment ambivalent : « Je suis à la fois très motivé et très déçu. » C’est peu dire que le mode opératoire de J. Hilali l’a heurté. « Comme tout entraîneur qui aurait dû être limogé et qui est toujours là, on se pose des questions. » À un confrère qui lui demandait s’il estimait avoir quelque chose à prouver, sa réponse a été aussi percutante qu’un crochet du droit. « Je n’ai rien à prouver, juste apporter aux joueurs ce qu’avec le staff, nous nous efforçons de leur apporter depuis le début pour faire remonter le club. Je dis bien le club, parce que le cas personnel de Laurent Fournier, je n’en ai rien à f… » Avant d’emmener ses recrues Nicolas Belvito et Yannick Yenga (voir ci-dessous), l’entraîneur a attendu le feu vert de son président, histoire de se protéger au cas où l’histoire finirait mal dans les prétoires. La direction tente suffisamment de lui faire porter le chapeau pour qu’il ait envie de se couvrir.
Hier matin, Billy Ketkeophomphone a quitté prématurément l’entraînement. Terrassé par une gastro, le Franco-Laotien est resté à la maison et rejoindra ses partenaires à Niort en TGV vendredi. Marcio (malade) est aussi forfait, tout comme Bill Tchato (cuisse), Alexi Peuget (genou), Brian Amofa (cuisse), Boubacar Kébé (arrêté pour une durée indéterminée après sa nouvelle opération au genou) et Yohan Betsch (genou). Albert Baning n’est pas qualifié (voir encadré). Stéphane Noro, suspendu à titre conservatoire depuis son expulsion à Rodez le 12 janvier, purgera son 3 e match. Il connaîtra demain sa sanction définitive et a donc fait le voyage avec ses partenaires pour se tenir prêt à jouer à Niort. Enfin, Tristan Mbongo, lui aussi rattrapé par un début de gastro, est incertain. Bref, même avec Yenga et Belvito, le RCS ne dispose pas de toutes ses forces vives. « Ceux qui joueront devront me prouver qu’ils méritent de jouer sur la durée », annonce Laurent Fournier. « Nous disputerons encore dix matches à la Meinau. Gagnons-les et allons chercher cinq succès à l’extérieur. Dès ce mercredi de préférence. »
Le hic, c’est que Bayonne, longtemps au fond du trou (20 e après 15 journées, avec seulement 8 points sur 45) et toujours premier relégable (17 e), redresse la tête. Les hommes d’Alain Pochat ont remporté leurs trois derniers matches à la maison (2-1 contre Orléans, 3-1 face à Rodez et 2-1 devant Niort) et raflé 11 points ces six dernières journées, dont un nul probant à Guingamp (2-2) avant leur succès sur les Chamois. Mais le Racing n’a que faire de ces considérations. S’il ne veut pas ramer ces prochains jours, il lui faut tenir fermement et bâillonner l’Aviron.
L'Alsace (Mercredi 26 Janvier)
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En terrain miné
Il est écrit que cette saison, rien ne sera épargné au Racing. Que ce soit sur le terrain, en coulisses ou encore dans les relations avec la FFF, Ubu est décidément roi en Alsace. Initialement fixée au 22 décembre, cette rencontre entre Bayonne et le Racing aurait pu se jouer le 8 décembre, les deux clubs s'étant accordés pour avancer le match. Non, avait alors répondu la FFF, évoquant un « problème d'éthique ». Finalement reprogrammée à sa date initiale, juste avant la trêve de Noël, cette rencontre avait une nouvelle fois été ajournée, le Racing se retrouvant bloqué à Entzheim en raison des intempéries. Ce report de dernière minute avait provoqué l'ire des dirigeants bayonnais, qui avaient saisi la FFF pour gagner les trois points sur tapis vert, arguant que les dirigeants alsaciens « n'avaient pas fait tout leur possible pour se déplacer ».
Après moult rebondissements et autres recours en conciliation auprès du CNOSF, la Fédération a finalement décidé... de ne rien décider (DNA d'hier). Charge au Racing et à Bayonne de s'arranger « à l'amiable » (sic) pour décider si les recrues hivernales strasbourgeoises peuvent ou non disputer cette rencontre. Hier, peu avant midi, Jafar Hilali, le président du Racing, a finalement tranché : Yannick Yenga et Nicolas Belvito - Stéphane Noro, suspendu, n'étant pas concerné - seront bien sur la feuille ce soir, au stade Didier-Deschamps.
Jean-Luc Witzel, le directeur sportif s'est même fendu d'un mail en fin de matinée, pour annoncer la position du Racing aux dirigeants bayonnais, à la FFF et au CNOSF. «La Fédération a répondu qu'elle invitait les clubs à respecter l'avis du CNOSF. Mais avec nos blessés et nos malades (lire ci-contre), si on se passe des recrues, c'est nous qui sommes pénalisés», souligne le directeur sportif. « La FFF a dit "Arrangez-vous avec Bayonne". C'est une décision hallucinante, mais je ne suis pas dirigeant au Racing, ni à la FFF. Moi c'est le carré vert qui m'intéresse, pas le juridique », indique, de son côté, Laurent Fournier. Avant d'ajouter : «Je garde le même objectif. Quelle que soit l'équipe, il faut gagner pour recoller au peloton de tête ».
D'un point de vue comptable, seule la victoire serait satisfaisante pour des Strasbourgeois engagés dans une course contre la montre pour accrocher une place sur le podium d'ici la fin de saison. « Il nous reste dix matches à domicile et il faut encore engranger cinq victoires à l'extérieur, donc autant commencer dès demain (ce soir, ndlr) », assène Laurent Fournier. Pour glaner sa deuxième victoire de la saison loin de ses bases, le Racing doit faire fi du contexte et trouver la faille face à une équipe de Bayonne qui reste sur trois succès à domicile, malgré une peu flatteuse 17e place au classement. « Il faudra être dans le même état d'esprit que face à Evian », lâche Fournier. Pour l'attaquant Ali Mathlouthi, « ces deux rencontres, c'est l'occasion de commencer une belle série ». Et de prouver que malgré les innombrables vents contraires, le Racing a encore une équipe qui tient debout...
Dernières Nouvelles d'Alsace (Mercredi 26 Janvier)
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Bayonne - Strasbourg ce soir à 20h00
Stade Didier Deschamps
Match en retard de la 21e journée
Arbitre : Sylvain Palhies